(OG) Visite interdite

Elle ferme les yeux tandis que sa résignation s'installe davantage dans son coeur. Indécise qu'elle est... Elle laisse les mains caresser son visage. Elle repousse en douceur son amant, toujours les yeux clos, elle murmure :

_Quand tu me verras sur un champ de bataille, tuant tous ceux que tu aimes, que tu as aimé, tu ne m'aimeras plus, tu repenseras à Elora, tu la reverras dans chacun des Bénéfiques que j'éventrerais, Silver. Tu ne m'aimeras plus, et tu auras bien raison... Quand tu me verras tuer tout ce pourquoi tu te bats aujourd'hui...

Elle s'arrete. Elle rouvre les yeux. Amour douloureux.

Il affronte le regard plein de douleur de la jeune fille. Il tend la main vers elle, passe sa main derrière sa nuque et l'entrane dans un long baiser.

-Doute de n'importe qui, Elzibaée. Mais pas de moi.

Elle le repousse encore.

_Mais qu'est ce qui me prouve que tu ne mens pas, toi aussi ? Putain j'ai tué ton premier amour et toi, toi tu te jettes dans mes bras, tu embrasses les lèvres meme qui ont ordonné cet assassinat !
On ne peut pas aimer ceux qui ont assassiné les gens que l'on aime... Je... enfin je crois...

Elle secoue la tete. Pourquoi s'est-elle mit à réfléchir ? Tout était parfait tant qu'elle y pensait pas... Le soleil aurait-il dissipé toutes ses illusions, tous ses espoirs ?
Elle détourne la tete, baisse les yeux sur leurs jambes liées les unes aux autres.

-Tu veux que j'te dise ? On finit tous partirer un trait sur les morts. Tous. Et puis es morts j'en ai vu. Des Bééfiques; Des Maléfiques. J'ai vu les gens dont jai brisé la vie mourir en me hurlant qu'il me déteste. Tu dis que j'me suis jetté dans tes bras et c'st peut être le cas, mais tu ne m'as pas repoussé. Alors que je fais sois disant parti du clan des gens qui ont assassiné ton père. Alors crois moi ou non ais je t'aime. Et il est hors de question que je te laisse partir.

Il croise les bras. Il la défie du regard.

Elle se tait, juste à court d'arguments. Son coeur palpite à une allure folle dans sa poitrine. Elle sait que lui seul est capable de le faire battre comme ça. Les rayons sont hauts dans le ciel. Il ne doit pas etre loin de huit ou neuf heures du matin. Elzibaée baisse la tete et arrache de petites touffes d'herbes autour d'elle.

_Ce temps et ce calme me font penser à quand j'étais toute petite...dit-elle avec un sourire mon père me laissait sortir pendant les deux mois avant la rentrée et je restais dehors du matin jusqu'au soir... je m'asseyais dans l'herbe et je m'amusais avec les fourmis... ou alors, je me couchais sur cette verdure qui me chatouillait et je tenais serrée de petites touffes d'herbes dans mes mains, comme pour les protéger de la guerre qui les attendaient... Je me souviens qu'à chaque rentrée je pleurais, parce que la guerre allait dévaster tous les alentours de Morgul...

Elle se tait. Baisse tristement la tete. Son enfance avait été orchestrée autour de la guerre, elle n'avait jamais rien connu d'autre. Une petite larme coule sur sa joue, elle l'essuit aussitot et sourit à Silver :

_Excuse-moi, je sais pas pourquoi je te raconte tout ça... et excuse-moi de douter de toi... Pour ce qui est du clan des Bénéfiques qui ont assassiné mon père... c'est vrai que tu en fais plus ou moins parti, mais ce n'est pas toi qui l'a tué, ce qui est différent... alors que pour Elora...

Elle se tait.
Ils ne font que remuer les vieux souvenirs et ressuciter les morts. Il vaut mieux ne plus en parler.

Il caresse doucement les heveux de l'elfe.

-Je sais Elzi. Je sais. Et puis moi ton enfance m'intéresse. Parle moi de tes joies, de tes peines, de tes peurs...Je veux tout avoir, tout.

Elzibaée ramène ses genoux sous son menton, elle ferme les yeux et dit tout doucement :

_Tu veux tout savoir... moi je ne suis pas sure de vouloir tout raconter... et cent ans d'une vie, c'est si long...

Elle se tait, regarde l'herbe à ses pieds. Demain, le sol sera boueux... non, il ne pleuvera pas, ce sera juste inondé de sang.
Elle déglutit.

_Quand je suis née, la guerre avait déjà bien commencé, mais elle était beaucoup moins malfaisante, beaucoup moins meurtrière... pour te dire la vérité, en cinq ans nous n'avons eu que trois morts... maintenant ce chiffre correspond aux morts d'une journée des moins sanglante.

Elle fait une moue dégoutée avant de poursuivre.

_Les profs de l'époque ne souhaitaient pas s'engager dans le conflit, et ils ne combattaient pas ce qui explique le fait qu'il y ait eu si peu de morts... Mes frères et moi étions, bizarrement, totalement fans de la guerre... les complots et les conflits nous intéressaient... enfin jusqu'à un certain point. Un professeur, M. Drenard, qui enseignait aux télépathes à maitriser leur pouvoir, fut le premier à s'allier aux Bénéfiques, à bout de nerfs. Dès lors, je peux t'assurer que ce fut un véritable carnage. Maitre dans l'art de la télépathie, il poussa plus d'un professeur au suicide... et pas que des Maléfiques. Mon père l'a tué. Ce qui a entrainé sa mort.

Elle fait une pause, s'allonge dans l'herbe. Soupir.

_En fin de compte, j'ai grandi sans mon père, sans ma mère... mon frère a rejoint les Bénéfiques... au début il disait qu'il les infiltrait pour faire l'espion, mais son coeur, trop pur, y a trouvé son compte. Bakthos et moi avons juré de tuer tous les Bénéfiques...

Elle se tait pour de bon. Elle sait qu'elle n'a pas parlé d'elle, mais elle en a pas envie. Si elle lui raconte l'histoire de Morgul, c'est uniquement pour qu'il ne la questionne plus sur son enfance... peut-etre sera-t-il rassasié par cette histoire...

Il lui caresse doucement les cheveux, pensif. Il voit bien qu'elle a évité le sujet mais peu lui importe, elle viendra quand elle se sentira prête.

-Je suis sur la liste alors ?

Le ton est malicieux. C'est juste une question sans grande importance.

Elle sourit, le regarde et avec un regard faussement meurtrier elle grogne :

_Non, les mecs comme toi je préfère les bouffer

Et, disant cela, elle l'embrasse à pleine bouche avant de lui sourire tendrement.

-Me bouffer ? Ce serait avec un immense plaisir...

Il lui envoie un baiser avant de lui tirer la langue.
Comment une telle ambiance a-t-elle pu s'installer en ces lieux ? Une ambiance innocente qui s'applique comme un soin sur leurs plaies et ecchymoses.
Il caresse du bout des doigts la joue de la jeune fille avant de l'embrasser tendrement.

-Je t'aime.

Un frisson se saisit d'elle, encore une fois. Elle ne se lassera jamais d'entendre ces doux mots à ses oreilles. Elle lui sourit amoureusement. Il ne peut y avoir plus beau que ce moment, cet endroit, cet homme. Elle lui caresse le visage.

Quelqu'un l'aime.

Elle se penche sur lui et l'embrasse encore.

_Dis-moi n'importe quoi, Silver, ordonne-moi n'importe quoi, exige de moi ce que tu veux... je me plierais à toi... je ne respire plus que par toi... mon coeur ne bat plus que pour toi, mon Amour...

Il la serre contre lui. Imprime son corps contre sa peau.

-Promets moi juste de rester en vie, Elzi...

Il lui caresse doucement l'épaule suivant ces roudeurs du bout des doigts. Frôlant sans jamais caresser, aimant sans jamais souffrir autant que maintenant et en ce lieu.
Mieux vaut mourir d'espoir que crever d'amour x3

Un soupir franchit les lèvres de la jeune fille.
Elle garde le silence.

_J'ai déjà promit de mourir cette année...

Phrase soupirante...
Dernière phrase ?

_Tu voudras bien me tuer ?

Son regard plonge dans celui du jeune homme. Elle sait que ça fait mal, mais ils sont tous issus de la souffrance... alors un peu plus, un peu moins, ils ne sont plus à ça près, elle n'est plus à ça près.

Il caresse du bout des doigts le visage de la jeune fille.

-Si j'ai le courage je le ferai. Mais ca va être dur.

Il pose son front contre celui de la jeune fille. Il sait qu'il le fera. Il sait qu'il en aura sûrement le courage. Mais il ne veut pas. Il ne veut pas de tout ca. Lui il veut quelle vive. Lui il ne veut pas que tout celà soit éphémère. Lui Il veut, il veut...

Elle sourit doucement.

_Tu auras le courage... il suffira que je rentre là-dedans elle appuie son doigt sur le front du jeune homme, et que je réveille toute la haine que tu as pu ressentir pour moi... c'est si simple, tout ça...

Elle soupire doucement.
Son regard croise celui de Silver.
Tristesse infinie qui lui fend le coeur.

_Qu'est ce qu'il y a ? A quoi tu penses ?

-Je pense au monde qui ne tourne pas rond. Je pense aux trainées de sang qui parsemment mes mains. Je pense à ma vie. & toi tu penses à quoi ?

Il s'étire un peu. Quand il regarde ses mains il voit distinctement le sang qui en ruisselle. Il secoue la tête. Il ne montrera certainement pas ses faiblesses.

-Le monde est dingue.

Elle lui sourit doucement et vient de nouveau s'asseoir sur lui. Son visage balaye la face de son amant. Ses jambes sont nues sous la chemise qui remonte le long de ses cuisses. Elle frissonne. Elle se penche doucement sur lui et l'embrasse encore.

_Moi je pense à toi... Et puis, le monde n'est pas si dingue que ça, la preuve, on s'est rencontré...

En un éclair leur nuit repasse dans sa tête, elle sourit doucement. Elle aurait voulu que cela ne s'arrête jamais... c'était leur faille dans le temps.
Sa main caressa encore ce visage avec une douceur des plus sensuelles.
Elle l'embrassa encore.

-Hm...Effetivement...

Un sourire pervers s'étire sur les lèvres du jeune homme.
Bon. Self-Control ?
>.< Self control de mes deux. T.T Y a pas la situation où un pauvre type raide dingue amoureux se retrouve avec la nana de ses rêves sur ses genoux en train de l'embrasser...Miam.
Il rend le baiser dela jeune fille et caresse sa chute de rein du bout des doigts. Il sent la colone vertébale frémir.

-Le monde tourne peut-être rond en fin de compte...

Elle frissonne sous ses caresses légèrement audacieuses. Elle ferme un instant les yeux avant de murmurer d'une voix suave:

_Ne me tente pas trop, mon amour... qui sait de quoi je serais capable ?

Elle passe lentement sa langue sur ses lèvres avant de l'embrasser une nouvelle fois. Elle fait passer ses mains sur le torse du jeune homme qu'elle caresse obstinément. Son corps vibre sous les mains de l'amant. Elle sourit. L'embrasse encore.