(OG) Visite interdite

Il se lève. Il essuie les larmes. Il lie ses doigts aux siens et sort dans le couloir.
Personne.
Il se retourne et l'embrasse. Là. En plein milieu du couloir. Aux yeux de n'importe quel Bénéfique qui sortirait à ce moment là. Il s'en fout. Il veut juste qu'Elzibaée sèche ses larmes, qu'elle lui sourit encore une fois, encore un peu.

-Viens...

Il l'entraine à sa suite. Il l'emmène voir quelque chose. N'importe quoi. Il sont dehors. Le froid mord la peau du jeune homme mais il s'en fout. Il la prend dans ses bras et lui murmure du bout des lèvre :

-Qu'il fasse jour ou nuit qu'il vente ou qu'il pleuve, je t'aime. Compris ?

Elle s'oblige à sécher ses larmes, sourit de nouveau.
Elle repense à leur nuit et rougit de sa propre audace.
Elle scrute le visage de son amant.

_J'espère qu'aucun nouveau mec Bénéfique n'aura
l'idée de venir à Morgul, sinon, je ne sais pas comment
on fera...

Elle se tourne vers la lune, elle frissonne et éternue.
Elle a froid. Elle est déjà glaciale dans les bras de son
amant. Elle ne sent plus la chaleur de ses bras. Elle
pince ses lèvres, il ne leur reste plus beaucoup de temps.
Pourtant, elle se tait, pose sa tete sur l'épaule de son
amant et regarde la lune s'effacer devant le soleil. Les
bras croisés sur sa poitrine et ses mains emprisonnant
celles de son amant, elle sourit.

-Hé bien, petite Elzi...On fera c'est tout. Morgul est grand...

Il la sent se refroidir peu à peu dans ses bras. Il ferme les les yeux et se mord violement la lèvre inférieure.
Il pose ses mains sur la taille fine de la jeune fille et la regarde dans les yeux juste comme ca. Juste une invite au bonheur.

Elle sourit, tandis qu'elle sent tout son corps
basculer dans sa frigidité habituelle. Elle ne
veut pas, mène un rude combat intérieur
pour repousser cette glace qui veut lui
emprisonner le coeur.
Elle finit par céder, brusquement. Elle est
secouée d'une convulsion des plus violentes,
manque vomir et s'accroche aux épaules de
son amant. La convulsion passe. Elle garde
les yeux fermés. Il ne faut pas qu'il revoit
cette lueur d'avidité, cette lueur de haine, de...
de sang. Elle se serre contre lui aussi fort qu'elle
le peut.

J'ai peur... J'ai si peur...

Elle se mord la lèvre. Elle est si froide que son
souffle fait de la buée en sortant de sa bouche.
Elle soupire, lève la tete vers son amant. Elle
ouvre les yeux, lui offre son regard d'assassin.

_Tout recommence...

-Je sais.

Il ne se détache pas d'elle pour autant. Il murmure :

-Moi qui aimait tant le soleil, je crois que je vais me mettre à le haïr...

Au soleil, de toutes façons, il avait préféré la lune. Toutes ses larmes coulant sur leurs joues...
Aimer la seule personne qu'on ne peut pas aimer est-ce une forme de résignation ?
Il caresse la nuque de la jeune fille.
Tant pis.
Il dépose un léger baiser sur ses lèvres glacées avant de lui dire, chuchotant conter ses lèvres :

-Plus rien ne sera comme avant, Elzi. Et quoi qu'il se passe, il est hors de question que je laisse qui que ce soit porter la main sur toi.

Elzibaée eut un sourire triste :

_Ne dis pas ça, Silver. Je suis assez grande pour me débrouiller seule, maintenant. Et puis, tu ne pourras pas toujours veiller sur moi, tu le sais, non ? Je comprends que tu ais peur pour moi mais...
Et puis ça ferait franchement suspect si tu me protégeais, tu ne crois pas ??

Elle le regarda. Malgré son revirement soudain, on pouvait toujours y lire la meme passion qu'elle ressentait pour Silver, la meme folie de son amour. Elle nicha sa tete contre le torse de son amant, emprisonnant un touffe de cheveux dans sa main.

_Serre-moi fort...murmura-t-elle.

Serre moi encore, serre moi, jusqu'à etouffer de toi...
Il reserre son étreinte autour du corps de la jeune fille.

-Tu te rends compte que l'année dernière on aurait craché à la gueule de celui qui nous aurait prédis ce qu'il se passe aujourd'hui ?

Le destin et ces aléas. Chose étrange qui guide nos pas.

_Je l'aurais meme découpé en touts petits morceaux et semé aux quatres vents...

Elle sourit doucement entre les bras de Silver. Elle repense à Elora.

Surtout après ce que je lui avais fais...

Elle embrasse la main de Silver qui se trouve à sa portée et la pose sur sa joue pour qu'il la lui caresse. Elle a besoin d'affection, besoin qu'on l'aime. Elle se serre contre lui à en avoir mal, elle a mal. Elle s'en fout, tout ce qui vient de lui est bon. Elle embrasse son cou, elle le lèche et le mordille, y murmure des mots doux.

Il se laisse tomber au sol, juste parce qu'il en a marre de rester debout. Il la garde dans ses bras. L'embrasse. Lui raconte. Lui raconte à quel point il se sent insensé de s'engager là dedans, à quel point il l'aime, à quel point tout çà lui semble étrangement génial. Il lui dit qu'il l'aime une fois, deux fois. Et même le soleil n'altère pas ca. Il la parcourt du bout des doigts. Sa nuque, ses cheveux, son dos, son ventre, rien n'échappe aux doigts du jeune homme.

-C'est curieux d'avoir autant besoin d'une personne que l'on a destesté...

Elle s'assoit sur lui, se laisse caresser par ces mains, par ces doigts. Elle frissonne à chaque mouvement, plus inquisiteur que le précédent. Elle ferme les yeux.
Elle écoute cette voix qui réveille l'humanisme caché au fond d'elle, qui réveille ce coeur depuis trop longtemps éteint. Il finit par se taire. Elle l'embrasse pour mieux l'aimer encore.

_C'est vrai que c'est insensé... depuis le temps que je suis là-dedans... je ne voyais pas plus loin que le bout de ma vengeance, mais maintenant... le cimetière ne cesse de se remplir, les larmes ne cessent de couler... je suis la responsable de tant de deuils !!

Elle soupire.

_Et toi, mon pauvre Amour... je t'ai pris ce que tu aimais... je ne me hairais jamais assez pour ça...

Elle se tait, regrette ce qu'elle vient de dire.

Elle finit par murmurer :

_Je ne t'ai jamais détesté...

-Hm? Réellement ?

Il lui caresse doucement les cheveux.

-Tu sais...Tu t'accuses de m'avoir pris ce que j'aimais mais...Au fond, on a tous pris la vie à des gens.

Il regarde le soleil avant de l'embrasser sur le front :

-Ici, nous sommes tous des assassins.

_Oui, vraiment.

Elle semble réfléchir un moment avant de répondre :

_C'est vrai, nous sommes tous des assassins... pourtant ça n'apaise en rien ma honte et mon désespoir face à tout ce que j'ai fais...

Elle soupire, le regarde, sourit encore.

_Si quelqu'un nous voyait...

-Et bien si quelqu'un nous voyais nous créerions un nouveau clan Celui des pacifistes. Et on les aurai tous à dos mais on serait tous les deux.

Il rigole doucement. L'idée n'est pas des plus mauvaises pourtant, mais elle lui semble juste un poil irréalisable. Il l'embrasse dans le coup, enfoui son visage dans son cou. Juste pour respirer son odeur. Juste pour sentir qu'elle est bien là, avec elle.

-Et bien si quelqu'un nous voyais nous créerions un nouveau clan Celui des pacifistes. Et on les aurai tous à dos mais on serait tous les deux.

Son coeur se serre à ses mots, elle ferme les yeux, les oublie en sentant le souffle légèrement saccadé de Silver. Il l'embrasse dans le cou, elle frissonne, elle a la chair de poule. Elle s'accroche à lui. Il s'assoit, elle passe ses jambes de chaque coté du buste du jeune homme, l'enserre comme ça par la taille. Elle le serre contre lui, sa poitrine manifeste son mécontentement par une douleur des plus violente, elle s'en fout, elle est vivante, avec lui. Juste SON lui.

Elle ferme les yeux, cherche encore les lèvres de son amant, les trouve et les lèche, les mord, les embrasse.
Elle ne sait plus que faire pour montrer sa dépendance, son amour. Elle en pleurerait de frustation. Elle a tellement besoin de lui... tellement envie de lui...

Dépendance. C'est sa drogue en faites. Oui. Drogué. Drogué à elle. Il la serre contre lui. Il aimerait la protéger contre tous. Il sait parfaitement qu'elle n'en a pas besoin. Mais il a peur, peur qu'un jour l'un ou l'autre des clan ne la tue. Il caresse tendrement la joue de la jeune fille.

-Tu as déjà vu le monde, autour de Morgul ?

Il ponctue sa phrase de doux baisers éparpillés sur le visage de la jeune fille.

Elle ne répond pas tout de suite, se laisse ennivrer par ces baisers sur elle. Elle pourrait en mourir, là, tout de suite, de toutes façons, elle sait que plus jamais elle ne connaitra pareil bonheur. Elle ferme les yeux. Lorsqu'il arrete ses baisers, elle fait une moue déçue et répond, avec une voix pateuse :

_Oui... mais j'ai été plutot mal accueilli... je ne sais meme plus quand je suis sortie pour la dernière fois... cinquante ans, peut-etre ? Oui, je crois que c'est ça... une petite fille m'avait jeté un petit caillou tant je l'effrayais, et sa mère l'avait grondé, elle avait peur que je vienne les hanter après ma mort... je ne sais meme pas d'où elles sortaient toutes ces choses... je ne sais meme pas pourquoi je leur faisais peur...

Elle se tait, perdue loin, très loin, dans ses pensées.

-Les gens sont remplis de préjugés... On est toujours pas assez bien pour qu'il nous considère. On leur fait, ils nous haïssent mais s'abaissent à avoir peur de nous.

Il la serre contre lui. Il sait qu'il n'est qu'éphémère dans la vie de la jeune fille. Il a dix-huit ans elle cent-cinquante. Il a toute sa vie devant lui, lui dira-t-on mais elle aussi et tellement plus encore. Il dépose un baiser sur ses lèvres. Un baiser qui dure. De ce genre qui reste et qui marque. Le genre de baiser que les auteurs de romans à l'eau de rose se plaisent à qualifier de 'dernier'. Pourtant celui-ci est un commencement. Leur commencement. Et tant qu'ils s'aimeront, et tant qu'ils pourront 'aimer, il n'y aura pas de fin, pas de muraille ou de frontière qui les empêcheront de se retrouver. Du moins le pense-t-il.

-Je t'aime...

Ils le répètent, inlassablement. C'est comme un renaissance semble-t-il. Oh oui. Le terme est approprié. Une renaissance.

-Je t'aime...

Electro-choc, vibrations de l'etre, jouissance incroyable.
Elle vrille ses yeux dans ceux du jeune homme. Violence et désir. Peur et amour. Sentiments contradictoires qui s'unissent dans un seul etre.
Elle le plaque au sol, à quelques millimètres de lui elle dit :

_Encore... dis-le. Encore, je t'en supplie...

Elle ferme les yeux. Elle crèverait de ces trois mots. Elle mordille l'oreille de son amant. Elle a besoin de l'entendre, besoin d'y croire, encore un peu.

-Je t'aime. Je t'aime...Je t'aime !

Litanie incessante. Sans cesse renouvelée sur un nouveau ton, une nouvelle mélodie. Bien sûr qu'il l'aime. A en cerver. A tuer. Il passe ses mains dans le dos de la jeune fille il lui mordille le coup laissant une trace violacée. Il lui donne son coeur. Tout ce qu'il a il lui donne. Bien sûr qu'il l'aime. Il la serre contre lui. Il l'imprime contre lui. Leurs lèvres se cherchent, se rencontrent. Ils ne se décollent plus. Ils ne veulent pas. Ils ont besoin d'encore un peu d'espoir, d'encore un peu de temps, d'encore un peu d'amour.

-Je t'aime. Je t'aime...Je t'aime !

Ces mots lui donnent le tournis, lui retourne l'estomac, lui transpercent l'ame, lui torture délicieusement l'esprit. Des larmes roulent sur ses joues. Quelqu'un l'aime... pas pour ce qu'elle a fait, veut faire ou fera, mais pour ce qu'elle est. Quelqu'un l'aime. Cette simple idée suffit à lui faire atteindre le bonheur béat.

Y a-t-il seulement bonheur plus grand que celui d'aimer et de l'etre en retour ?

Elle ferme les yeux, se laisse faire par lui. Les larmes roulent encore. Sentiments interdits, amants interdits. Elle plaque son bassin contre celui de Silver. Elle se colle à lui. Elle ne veut plus rien, si ce n'est lui, elle veut etre avec lui, elle veut etre lui, lui, lui pour toujours.
Jamais elle n'aurait cru cela possible, quand, l'année dernière encore, ils se balançaient tout et n'importe quoi à la figure.
Elle l'embrasse encore, frémis entre ses mains.

Pitié, mon Dieu, si vous existez... faites que cela dure pour l'éternité...

Juste sa vie pour une éternité.
Juste sa vie pour sa présence, son corps contre le sien, leurs souffles qui se mêlent.
Il lui sourit doucement. C'est la première fois depuis tant d'année qu'il voit Elzibaée avec cet air serein sur le visage.
Il lui caresse doucement les joues, il la presse contre lui.
Tout ira bien pour eux tant que Lune et Soleil de leur blanc manteau de lumière les couvriront aux yeux de tous.

Doucement, elle rit :

_Tu te souviens, l'an dernier, ce qu'on se jetait à la figure !?

Elle rit de son rire clair à ces pensées.
Les mains de son amant sur ses joues, elle les embrasse. Elle se penche et vient l'embrasser à son tour, tout contre les lèvres, elle murmure :

_Il ne faut pas faire de jalou...

Elle lui lèche le cou et se laisse tomber à coté de lui. Les rayons du soleil l'éblouissent.

-Hm. Bataille de poele à frire. Tir de chausson. Oui j'm'en souviens. C'était c'qu'on avait fait de mieux tous les deux deuis le début.

Il rit doucement. Il prend la main d'Elzi, llongé à côté de lui et lie ses doigts aux siens.

-J'me souviens d'une fois où quelques Bénéfiques et Maléfiques c'étaient alliés pour jouer un sal tour à la pionne qu'ils aimaient pas...

La pionne avait fini en dépression.=)

Oui... elle s'en souvenait. Un sourire triste s'installe sur ses lèvres. Il n'y avait, finalement, pas que des mauvais cotés, ici, à Morgul... Surtout pas que des mauvais...

Elle se tourne vers lui, appuie son coude sur le sol et sa tete dans sa main. Elle regarde Silver avec des yeux doux et lui caresse lentement les lèvres, puis le visage entier. Doucement, elle se met à chanter :

_This moment is perfect
Please don't go away
I need you now...
And I'll hold on to it,
don't you let it pass you by

Des larmes roulent de nouveau sur ses joues. Maintenant, elle a peur. Elle sait qu'aujourd'hui elle tuera surement quelqu'un... n'importe quel Bénéfique. Elle sait qu'en revoyant sa sauvagerie, Silver partira, loin, très loin d'elle... et il aura bien raison. Tout ça ne peut pas durer, c'est bien trop beau. Son coeur se serre, tandis qu'un sourire résigné prend place sur ses lèvres.
Elle le sait. Son père le lui avait dis : "Toutes les promesses sont faites pour etre brisées..." Et jusqu'à présent, cela avait toujours été vrai... ça ne changerait pas, cela ne changerait jamais. Meme si c'est LUI qui le dit...

-Prend pas cet air triste et résigné Elzi. Ca se passera pas comme tu l'pense. Quoi que soit la chose à laquelle tu penses...

Il essuie les larmes. Il la prend dans ses bras.
Envole moi.



Du bout des doigts il retrace l'ovale du visage de la jeune femme. Dieu ce qu'il l'aime.